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          La batterie-fanfare est un orchestre relativement jeune puisque sa création remonte aux années cinquante. Sa composition repose principalement sur un regroupement de tous les instruments d’ordonnance, à sons naturels, c'est-à-dire sans système. Ces instruments d’ordonnance ont eu jusque là une histoire et une utilisation essentiellement militaire. Ils ont rythmé les champs de bataille, le quotidien des armées et des cours pendant des siècles : le clairon pour l’infanterie, la trompette pour la cavalerie, le cor pour les chasseurs (à ne pas confondre avec la trompe pour la vénerie). 

police.jpg         Gabriel Defrance, compositeur et tambour-major de la Garde Républicaine de 1911 à 1933 a fait évoluer l’instrumentation à la Garde et dans les sociétés musicales civiles. Ces dernières se regroupent dans le fédéralisme né au XIXème siècle. En 1941, la Batterie de la Garde sous la conduite du Tambour-Major Gendre est dotée d’instruments de fanfare. C’est en 1945 qu’elle prend officiellement le nom de batterie-fanfare, nom qu’elle aura du mal à abandonner beaucoup plus tard pour prendre sa véritable appellation : Musique de la Garde.

          En 1936, la Musique de l’Air placée sous le commandement de Claude Laty est la première à se doter d’une Batterie avec tambours, clairons, trompettes et cors. Elle devient donc la première et véritable batterie-fanfare. Le Tambour-Major est alors Maurice Bonnard ; Robert Goute lui succède en 1953. Il faut attendre l’arrivée de Jacques Devogel aidé de Robert Goute, respectivement chef et Tambour-Major de cette Musique de l’Air pour que le répertoire s’affranchisse de la tradition et s’oriente vers des styles nouveaux plus rythmés et modernes.

          C’est le point de départ d’un répertoire extraordinaire de richesse et de diversité qui n’a de cesse d’évoluer durant cette soixantaine d’années. De nombreux compositeurs nous ont offert des centaines d’œuvres de tous styles et de toutes difficultés.

          La Batterie-Fanfare de la Musique de l’Air fait école dans les formations professionnelles à caractère militaire, mais aussi et surtout dans le monde musical amateur où de nombreuses "cliques" ou fanfares prennent cette nouvelle configuration. La "clique" est une appellation longtemps utilisée pour désigner la Batterie d’une Musique militaire ou diverses formes de fanfares civiles ou militaires. Ce terme est rejeté et abandonné progressivement à partir de la moitié du XXème siècle. Ce n’est pas plus mal car cette appellation est péjorative ; en effet, si on se réfère au Larousse, une "clique" est un rassemblement d’individus peu recommandables.

          Aujourd’hui, les batteries-fanfares sont toujours regroupées dans des Fédérations : FSCF, UFF, CMF et CFBF (la plus récente puisque sa création date de 1980). Ces fédérations ont toujours  plus ou moins les mêmes objectifs. La CFBF par exemple les formule ainsi :

" Pour le développement et le progrès technique des formations musicales populaires ; en promouvant la pratique instrumentale, favorisant l’enseignement musical et développant la formation intellectuelle et morale de la jeunesse dans ses loisirs "

C’est dans ce but que des plans de formation musicale sont mis en place par des comités techniques ou des commissions musicales.

          Il faut souligner que la batterie-fanfare est une spécificité française et qu’elle fait partie intégrante de notre patrimoine. Elle est restée une exception française puisqu’à l’étranger, ces instruments sont restés prisonniers de leur histoire et de leur tradition ; ils sont toujours cantonnés dans leur vocation à caractère militaire.

          Au fil des années, l’instrumentation de la batterie-fanfare évolue en même temps que le répertoire. Les premières œuvres se contentent des instruments d’ordonnance auxquels on ajoute les clairons basses, trompettes basses et contrebasses à pistons (seuls instruments à système) avec un accompagnement rythmique de tambour ou caisse claire et grosse-caisse, cymbales. Progressivement, tout l’éventail des percussions est adopté et les Tambours deviennent d’authentiques percussionnistes, sans pour autant abandonner la haute technicité sur leur instrument de prédilection. L’école française du tambour ne s’est jamais aussi bien portée et elle nous est enviée dans le monde entier.

          De multiples expériences sont réalisées avec des instruments "invités", instruments à sons naturels dans d’autres tonalités, guitare basse, saxhorn basse ou euphonium (adoptés définitivement), trompette à pistons, trombone, piano, violoncelle, accordéon, flûte, chant, saxophone, instruments celtiques, steel drums, etc…

          La batterie-fanfare est donc un véritable orchestre pouvant aborder tous les styles et qui continuera d’évoluer tant les possibilités sont infinies.

                                                                                                  Guy Coutanson
  Président CFBF 

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